Faire le point avec soi même

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Après une année passée à courir en tous sens, à remplir des dossiers administratifs et à boucler des projets en catastrophe tout en s’occupant des enfants, voici venue la pause estivale. Progressivement, le temps ralentit, les obligations se relâchent, on marche le long d’une plage ou sur un sentier de montagne et les pensées émergent. Pourquoi je fais tout ça ? Est-ce que j’ai envie de continuer ? Est-ce que tout cela en vaut la peine ?

La vie que je mène me correspond-elle ? Faudrait-il que je change quelque chose dans mon couple, dans mes projets ?

Les questions affluent, nombreuses, parfois incontrôlables. Les réponses, elles, sont lentes à venir. Normal. Il faut savoir où aller les chercher.

Dans cet article, je vous propose de venir les puiser à la source. En vous-même. Et à cette fin, d’employer des techniques d’introspection qui ont démontré leur efficacité. En prenant un peu de temps, régulièrement, pour faire le point avec soi-même, on voit alors se dégager un fil cohérent, une direction et un sens. Une pause avant de repartir.

  1. Le Temps du Questionnement 

Se demander qui l’on est, s’interroger sur ses goûts et ses manières de réagir dans diverses situations, tout cela semble avoir des effets bénéfiques sur notre santé mentale. Mais à la condition de ne pas confondre introspection et rumination.

La rumination ne servira qu’a renforcer un mal être qui n’a plus vocation à exister dans le présent.

Comment faire ?

L’autoréflexion, qui consiste à réfléchir à ses propres attitudes, qualités et comportements, peut se pratiquer par écrit, sous la forme d’un journal, ou à l’oral avec des amis.

Ces approches semblent associer découverte de soi et équilibre psychique.

L’intérêt de cette pratique est de mettre les événements de la vie en récit pour en dégager un sens.

Narcisse, qui aimait tant se délecter de sa propre image, se frotterait sans nul doute les mains à notre époque. Le nombrilisme est aujourd’hui plus fort que jamais.

On ne compte plus les livres de conseils expliquant comment prendre soin de sa propre personne. « La découverte de soi : Qui suis-je ? Qu’est-ce que je veux ?», ou encore : « Réflexion sur soi : trouver le calme, la joie de vivre et l’amour ». Un des derniers gros succès en date : « Le rendez-vous avec soi-même ». Sans parler des pseudo coachs improvisés qui se proposent de vous aider à retrouver équilibre et bonheur.

Mais un pas a été franchi depuis les anciens Grecs. Alors qu’amoureux de lui-même, Narcisse n’avait qu’à contempler son image reflétée dans l’eau, l’autoréflexion contemporaine consiste à explorer le fond du lac jusque dans ses recoins les plus profonds.

2- Se voir sous un angle différent  

La confrontation avec sa propre personne ne date pas d’hier. C’est un thème affectionné par l’art et la littérature. Probablement prit-il son envol aux États-Unis à la fin des années 1950. Les auteurs de ce qu’on appela donc la littérature confessionnelle extériorisaient à travers leurs écrits ce qu’ils avaient de plus intime. Gêne et honte n’étaient plus taboues.

Mais à quoi bon ? Quel est l’intérêt de réfléchir à sa propre vie ? Réfléchir, c’est prendre du recul et essayer de mieux comprendre une chose, quelle qu’elle soit. Dans le cas d’une équation mathématique, il ne s’agit pas de calculer le résultat, mais de se demander quels sont sa logique et son fonctionnement interne. De la même façon, se questionner sur une facette de soi-même poursuivrait un objectif similaire Dans les deux cas.

L’acte de réflexion fait apparaître des aspects insoupçonnés du problème. On sort du prisme dans lequel nous pouvons rapidement nous enfermer.

Mais qu’est-ce que cela signifie au juste? Pratique l’autoréflexion consiste essentiellement à prendre de la distance et se considérer soi-même sous un nouvel angle. C’est, dans une certaine mesure, ce que signifie le terme latin reflectere, d’où est issu “réflexion”. Ce mot est composé de flectere, «flechir», au sens de plier, et du préfixe re, qui désigne un retour au point de départ ou une réciprocité.

« Réfléchir » signifie littéralement « courber vers soi », comme on peut le faire d’une tige flexible que l’on ramène à son origine. L’autoréflexion consisterait donc à se retourner sur soi-même.

Cette pratique est un des éléments les plus importants des différentes formes de psychothérapie.

Mieux comprendre ses propres difficultés ainsi que leurs causes est généralement le point de départ qui aide les patients à s’en détacher et à définir une meilleure attitude envers leur propre personne.

Mais l’autoréflexion peut aussi être pratiquée de façon plus informelle et occasionnelle, par exemple au gré de conversations entre amis : prenez un stylo et notez quelques remarques qui vous viennent à l’esprit au cours de la conversation, sur vous, sur vos réactions au cours de l’échange, voire sur des expériences passées analogues. Cette méthode est conseillée dans de nombreux guides.

3- Les 3 formes de l’autoréflexion

Plus précisément, l’autoréflexion peut se faire sous trois formes :

  • par oral – en exprimant ses réflexions à voix haute, pour soi ou pour d’autres,
  •  par écrit, ou par ce qu’on appelle le «monologue silencieux »
  • Par la petite voix intérieure qui accompagne nos pensées.

 À ce jour, de nombreuses études scientifiques indiquent que ce type de cogitation consistant à produire un récit écrit ou oral d’expériences qui nous sont arrivées, ou de pensées qui nous préoccupent, est globalement bénéfique à l’individu.

 Il augmente le bien-être, favorise la construction de l’identité ainsi que la croissance personnelle, et aide à mieux réguler les émotions, il est cependant trop tôt pour savoir si l’autoréflexion sous forme de monologue intérieur  «  la petite voix » a le même effet. Il se peut qu’il ne suffise pas de laisser éclore des pensées, mais qu’il soit encore nécessaire de les exprimer, que ce soit en parlant avec d’autres personnes ou juste pour soi, à l’aide d’un papier et d’un crayon.

4- Réfléchir sur soi- même donne de la signification aux évènements.

Le récit, aussi bien écrit qu’oral, semble particulièrement utile lorsqu’il s’agit de gérer des expériences négatives, par exemple le traumatisme créé par un grave accident. L’une des premières études à ce sujet remonte à 1986. James Pennebaker, un des fondateurs de l’écriture thérapeutique, testa cette méthode sur une cinquantaine d’étudiants, qu’il avait répartis en deux groupes. Ceux du premier groupe devaient écrire à propos d’un événement émotionnellement difficile, alors que ceux du second groupe servaient de témoin et devaient faire de même à propos d’un sujet moins connoté affectivement, comme le planning de leurs révisions. Les participants ont ainsi eu quinze minutes de rédaction, et ont renouvelé l’exercice sur une période de quatre jours consécutifs.

5- La Salutogénèse : Comment on se maintient en bonne santé

Comment l’autoréflexion est-elle susceptible d’améliorer le bien-être ? Un concept éclairant à ce propos est celui de « salutogenèse »: ce néologisme créé en 1987 par le sociologue Aaron Antonovsky dans son livre Unraveling the Mystery of Health définit le contraire de la pathogenèse.

Ainsi, alors que cette dernière désigne les processus responsables du déclenchement des maladies, la perspective saluto- génétique renverse la vapeur et cherche à savoir ce qui au contraire nous maintient en bonne santé.

Le sentiment de cohérence est un élément central de cette approche. Il décrit entre autres la capacité à comprendre les relations importantes entre les événements de sa propre existence, à les classer et à les hiérarchiser.

 Saisir pourquoi telle ou telle situation se produit dans sa vie renforce l’efficacité personnelle et crée du sens : Réfléchir sur soi-même donne une signification aux événements. Même reconnaître que tel fait était en fin de compte fortuit ou inévitable est susceptible de conférer une forme de sens.

Il reste que cette démarche n’est pas forcément source de bienfaits

Par exemple, si une personne est bloquée dans une spirale de pensées négatives et passe son temps à se dire «Je suis un raté» ou «Je n’arrive à rien de bon», cela n’est pas très utile.

C’est également ce que suggère une étude américaine de 2017. Kelly Marin et Elena Rotondo ont voulu savoir si la réflexion sur les événements négatifs était vraiment adaptée à chaque personne. Pour cela, elles ont commencé par distinguer l’autoréflexion de la rumination : elles définissent la première comme un effort actif pour donner une signification personnelle à ses propres expériences, pour les explorer, les expliquer, les maîtriser. Dans le cas des ruminations, en revanche, les pensées se répètent constamment et se concentrent généralement sur les causes et les conséquences d’une expérience négative. Pour leur étude, les deux scientifiques ont ensuite demandé à environ 70 étudiants en psychologie d’écrire quinze minutes une fois par semaine pendant cinq semaines sur une expérience stressante.

6- Distinguer autoréflexion et rumination

Résultat: lorsque le degré d’autoréflexion augmentait avec le temps, le stress et l’autocritique diminuaient et les sujets d’expérience évoluaient dans leur personnalité.

Chez les ruminateurs, en revanche, les doutes sur soi-même ont augmenté ; ils se sont sentis plus stressés et ont moins évolué. Une analyse plus précise des textes a en outre montré que ces  derniers étaient effectivement plus attentifs aux causes et aux effets des événements, et moins à la signification qu’une situation revêtait pour eux personnellement.

Les personnes coincées dans une spirale de pensées ont souvent l’impression d’être le jouet des événements. Elles ont le sentiment de ne rien maîtriser. Si, par exemple, une mère célibataire se sent durablement dépassée au quotidien, le psychologue met en lumière avec elle, outre sa situation, la pression sociale qui pèse sur elle et sur les femmes en général.

Prenons l’exemple souvent évoqué en cabinet de psychologie, et du cas des mères célibataires qui viennent en consultation avec un profond malaise.

 « D’un point de vue financier, les mères célibataires sont désavantagées, explique le psychologue. À cela s’ajoute l’exigence de réussir professionnellement tout en allant chercher leur enfant à temps à la crèche.”

D’où des questions telles que : ces exigences sont-elles réalisables ? Est-ce juste ? Le constat qui en découle pourrait être le suivant : « Pas étonnant que je sois insatisfaite. Cela me relie à beaucoup d’autres femmes qui doivent se débrouiller seules au quotidien » La patiente peut certes continuer à se sentir insatisfaite ou dépassée, observe alors le psychologue, mais la situation lui semble désormais plus compréhensible grâce à la dimension sociale. Elle ne se rejette plus entièrement la faute et se sent moins seule avec ses problèmes.

7- Pratiquer quinze à vingt minutes par jour

Réfléchir sur soi, c’est découvrir davantage de facettes de sa propre personnalité.

Le résultat est souvent une meilleure compréhension de soi-même et de sa propre situation. Mais il faut savoir que cela peut aussi être douloureux et trop exigeant.

Un étudiant qui a justement l’échéance de son mémoire de fin d’études devant lui n’a pas besoin d’assimiler en plus son enfance difficile À ce stade, il peut être préférable de se concentrer sur des choses positives et de remettre l’introspection à plus tard.

Mais si rien d’urgent ne se présente, comme pendant vos vacances d’où la sortie de cet article Prenez trois à quatre jours pour écrire, parler ou réfléchir chaque jour pendant quinze à vingt minutes à un aspect de vous-même ou à une expérience particulière de votre vie qui vous préoccupe ou vous intéresse. Si cela vous apporte quelque chose, continuez.

Sans pour autant y voir une panacée, il s’agit d’être pragmatique, si cela ne vous sert à rien, ne vous obstinez pas, tentez d’autres approches comme le sport ou une psychothérapie.

A chacun son outil pour son bien être intérieur !