Sommes-nous tous capables de courage ?

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Le courage, est un mot qui cache des réalités et des interprétations différentes en fonction des personnes. Le courage des civils jetés dans les guerres, ne peut qu’interroger chacun sur sa propre force intérieure. Comment réagirais-je, moi ? Ou, confronté à une grave maladie, saurais-je ne pas baisser les bras ? Mais qu’est-ce que le courage ?

Pour certains, le courage est un saut dans l’inconnu. Il tient de la révélation, à la fois fulgurante, lumineuse et aveugle. Prenons l’exemple de tous ceux qui un jour ont sauvé des vies expliquent. Ils expliquent avoir été pris d’une pulsion plus forte qu’eux et qu’il était indispensable de le faire. Ils expliquent même qu’ils ignoraient eux-mêmes une minute avant, être capables d’un tel geste.

Parfois, c’est dans l’après-coup que l’on se dit : “J’ai pris là un risque qui a déterminé ma vie”

La question du courage se pose de soi à soi, mais c’est aussi une vertu qui renforce les liens humains, l’amour de la vie. D’autant plus que le courage se prolonge aussi dans la persévérance, dans la capacité à renouveler et à maintenir l’audace initiale dans le temps et les épreuves.

Sinon, nous n’aurions aucun mérite à être courageux : nous nous contenterions d’obéir à une loi naturelle.

A retenir

  • Le courage n’exclut pas la peur, il s’agit de la surmonter pour agir, faire face au danger.
  • Être capable d’affronter le quotidien, c’est aussi du courage.
  • Être courageux, c’est avoir du cœur, donner de soi : pas de courage sans altruisme.

1-Être courageux n’est pas être inconscient

Aristote définit le courage comme « un juste milieu entre crainte et tendance à la prise de risque inconsidérée ».

Par conséquent, il s’agit de trembler juste ce qu’il faut : un excès de peur conduit à la lâcheté, et un déficit obscurcit notre esprit et nous rend trop téméraires.

Être courageux exige que l’on comprenne le sens de ses actes, en évaluant la menace. Aussi, l’intrépide- étymologiquement, celui qui ne tremble pas ne saurait être dit courageux, car il n’a nul mérite : aucune angoisse à surmonter.

Il est mu par un élan pulsionnel, soutenu par un pur fantasme de toute-puissance, tout comme le téméraire, aveugle au danger.

Nous sommes souvent tentés d’assimiler le courage à une vertu guerrière qui se moque de la mort. C’est dans cette optique qu’étaient élevés les jeunes spartiates, tous futurs soldats. Mais, en réalité, le soldat n’est pas forcément une tête brûlée. Il est généralement conscient que son ennemi a une limite : sa peur de mourir. Parce que lui-même l’éprouve.  Il s’agit là d’une question de degré.

2-Une question de degré

De plus, être courageux, ce n’est pas seulement réaliser des exploits ou sauver des vies. Il est une forme de courage qui s’ignore et dont nous sommes-presque- tous capables : celui qui consiste à accepter de mûrir, d’

évoluer, de parcourir jour après jour le chemin qui va de l’enfance à la vieillesse. Cette route nous demandera d’opérer des choix souvent difficiles, de rompre avec une routine rassurante quand décidément c’en est trop, et également de se faire aider quand on ne s’en sort pas. Entreprendre une thérapie, contrairement à ce que beaucoup imaginent, n’est pas abdiquer et abandonner toute responsabilité.

S’avouer vulnérable demande du courage, de même que laisser tomber ses croyances et comportements névrotiques pour aller vers l’inconnu.

De plus, personne ne possède tous les courages. Celui qui vient au secours d’une famille prisonnière d’un immeuble en flammes n’ose pas forcément parler en public, ni s’affirmer face à un partenaire amoureux tyrannique ou à un supérieur despotique. D’autant plus que nous ne sommes pas également armés pour affronter les aléas de l’existence.

Rien, dans le psychisme, ne nous permet d’appréhender notre propre mort, assure Freud : nous nous croyons immortels.

Toutefois une personne dont l’amygdale (celle du cerveau) est hypersensible réagira plus vite et plus fort que la moyenne devant un danger. Et il lui sera ainsi plus difficile de passer à l’acte. Elle voudrait bien, mais une partie d’elle résiste. Le complexe amygdalien fonctionne comme un système d’alerte destiné à nous maintenir en vie. Il décode les stimuli afin d’orienter et de dicter des réactions appro- priées. Lorsque des informations visuelles, auditives, olfactives ou gustatives sont repérées comme signe de menace, le corps réagit immédiatement.

Il est une forme de courage qui s’ignore : celui qui consiste à accepter de mûrir, d’évoluer.

Nous disposons alors de trois types de réactions : s’immobiliser, fuir ou combattre.

Plus le danger est imminent, nous prend par surprise, plus nous aurons tendance à nous enfuir.

Si nous pouvons l’anticiper, au contraire, nous allons tenter de nous dissimuler en attendant qu’il s’éloigne, ou bien nous le combattrons.

Les seuls à méconnaître la peur – ils sont également incapables de la déchiffrer sur le visage des autres  sont ceux dont l’amygdale a été endommagée ou qui souffrent de la maladie d’Urbach-Wiethe, un trouble génétique rare, étrangement fréquent en Afrique du Sud. Ils présentent une forte tendance à se mettre en danger sans même en avoir conscience : leur instinct de conservation semble amoindri.

Mais notre cerveau n’est pas seul à décider de notre degré de courage. Nos expériences de vie ont toute leur importance. Notre âge également : en vieillissant, nous devenons plus timorés, plus inquiets, moins endurants.

3-Refuser le découragement

Refuser le découragement dans notre société individualiste, le courage et son corollaire, l’engagement, sont devenus l’affaire des intellectuels, ceux qui pratiquent la pensée, l’écriture pour exprimer leur refus, leur révolte.

Nous sommes bien loin de cette veuve courageuse qui se retrouve toute seule après la disparition de son époux, cette mère courage qui élève ses quatre enfants sans l’aide de personne, cet élève appliqué qui étudie tard le soir après avoir couché ses petits frères.

Cette image du courage autrefois requise est devenu pour beaucoup dépassée.

Or, selon la philosophe et psychanalyste Cynthia Fleury, autrice de La Fin du courage (Le Livre de poche, 2011), il est plus essentiel que jamais de renouer collectivement avec le courage moral, qui n’est plus enseigné aujourd’hui : en affrontant ses peurs, en les vivant sans se laisser décourager. Il s’agit de sortir de l’impuissance, du découragement généralisé et de la déprime qui mine notre société, pour agir au lieu de subir!

Une façon de nous rappeler que nous pouvons être les maîtres de notre destin.