Si au fond de soi, cette décision n’est pas prise, les culpabilités ne lâcheront pas prise et quoi que l’on fasse, elles nous rattraperont.
Responsable Oui, Coupable Non
Comment nous déformons la réalité
Quand nous culpabilisons, nous nous empêchons tout d’abord de trouver, quelle que soit la situation, les réactions et/ou les actions justes.
Dans la mesure où nous nous sentons en faute, nous perdons toute objectivité dans l’analyse de l’évènement ou de la situation. Nous sommes en quelque sorte noyés, exclusivement en proie à nos émotions. Nous allons ainsi grossir un détail, minimiser l’essentiel, ne voir que le côté négatif, attribuer à l’autre un pouvoir qu’il n’a pas et occulter le nôtre.
Parallèlement, nous craignons un jugement, des critiques, des humiliations, ce qui nous inhibe davantage encore. Et puisque nous sommes en faute, nous attendons une sanction, une punition, ce qui nous paralyse.
Cette peur, cette menace nous met uniquement sur la défensive et nous empêchent, de clarifier notre position, nos arguments, nos idées ou nos choix.
Quand nous culpabilisons, nous avons également du mal à reconnaître nos faiblesses, nos fragilités, nos forces ou encore nos atouts, nous avons d’autant plus de mal à faire notre autocritique et à reconnaître nos erreurs, ce qui entretient la culpabilité.
La peur des autres
La culpabilisation implique et entretient un état d’infériorisation et d’infantilisation, ce qui amplifie la peur des autres. Nous laissons à l’autre le pouvoir de nous juger et de nous punir, comme un enfant.
Finalement, le sentiment de culpabilité rend le dialogue avec l’autre ou avec soi-même difficile et ne nous aide guère à valoriser notre propre image, ni à prendre la responsabilité d’un changement positif.
Comment se valoriser quand on se sent en faute, comment réagir de façon constructive ?
De l’intérêt de se responsabiliser
- Rétablir un rapport adéquat à la réalité
A l’inverse, quand nous responsabilisons, nous pouvons beaucoup plus rapidement prendre en compte les faits objectifs, la globalité de la situation et notre part de responsabilité mais également celle des autres.
Déjà dans l’action, dans la recherche d’un positionnement plus clair, d’une situation ou d’une relation plus satisfaisante, nous trouvons beaucoup plus facilement les réponses, les attitudes et les solutions adéquates.
Nous pouvons faire la part des choses, nous positionner, défendre notre point de vue, l’expliciter, être plus critique par rapport à l’autre mais aussi reconnaître nos erreurs.
Parce que nous nous confrontons à nous-mêmes et aux autres, la responsabilisation, contrairement à la culpabilisation implique et favorise des relations d’adulte, d’égal à égal où il est possible de dialoguer, d’expliquer, de proposer ou de refuser.
La responsabilisation nourrit toujours un peu plus l’estime de soi
- Se perfectionner
A nous responsabiliser, nous ne pouvons qu’évoluer.
Certes, nous avons des insuffisances, des devoirs envers les autres, nous avons à nous améliorer sur certains points, en ce sens, oui nous sommes responsables même du tort que volontairement ou non, nous pouvons causer à autrui, mais en aucun cas coupables.
Qu’il s’agisse d’une décision à prendre, d’un choix à faire, d’une limite à poser, la vraie réponse, l’attitude juste est bien plus la responsabilisation que la culpabilisation.
Nous le savons, mais nous pensons beaucoup plus facilement culpabilité que responsabilité. Dommage, l’une fait régresser, l’autre progresser.
Se sentir en faute ou se sentir responsable
Culpabilisation | Responsabilisation |
Comportements
Subjectivité/ projections | Prise en compte des faits objectifs |
Crainte du jugement | Recherche de solutions |
Attente de la sanction | Positionnement réaliste |
Relations
Tendance à l’infériorisation | Relations d’égal à égal |
Tendance à l’infantilisation | Relations « adultes » |
Crainte des autres | Confrontation avec les autres |
Peur de soi-même | Confrontation avec soi-même |
Bénéfices
Inhibition | Capacité à agir |
Dialogue difficile/ impossible | Dialogue possible |
Infantilisation | Maturité |
Image de soi toujours plus négative | Image de soi toujours relativisée |
régression | Evolution |
Les signes : A quoi voit-on que l’on ne culpabilise plus ? On sait dire nonOn s’expliqueOn fait la part des chosesOn sait mettre les limitesOn met l’autre face à ses responsabilitésOn ne râle plusOn ne se pose plus en victimeOn reste positif |
Choisir de grandir
Etre prêt à prendre ses responsabilités, c’est être prêt à affronter ses peurs, à regarder ses zones d’ombre, à se remettre en question.
Oser affronter ses peurs
Les inerties colossales nous empêchent de choisir d’être responsable de nos actes et de nos pensées. A l’idée de transgresser des interdits, de s’affranchir de certains devoirs, surgissent bien sûr la peur d’être sanctionné et celle de ne plus être aimé, en d’autres termes la peur de décevoir. Ainsi, lorsque nous affirmons, lorsque nous cherchons à exprimer devant l’autre nos désirs, nos besoins, nos limites, vient ensuite la peur de se souvenir et de retrouver une souffrance.
Accepter de lâcher le contrôle
Choisir d’être responsable plus que coupable, c’est qu’on le veuille ou non lâcher l’illusion et le besoin de tout contrôler en étant obligé de « grandir » au sens propre du terme, c’est-à-dire de sortir de l’égocentrisme, et de ce fantasme de toute puissance que sont les deux caractéristiques de l’enfance.
Regarder ses zones d’ombre
Prendre ses responsabilités nécessite aussi d’accepter de regarder ses zones d’ombre. Or il est fréquent que le sujet se cache derrière sa culpabilité pour s’éviter d’aller plus loin.
Il arrive que l’individu se laisse aveugler et figer dans un état émotionnel négatif qui alors envahit tout, il se « contente » de constater et de se plaindre des méfaits, des désagréments, causés par son sentiment de culpabilité en s’évitant inconsciemment de passer à l’étape suivante : celle de la responsabilisation, préférant d’une certaine façon s’en tenir là.
L’individu s’évite, en mettant ainsi sa culpabilité en avant, de regarder ce qui peut-être il aurait intérêt à voir pour changer vraiment et arrêter de culpabiliser. Il se protège au final à ses dépens d’une autre prise de conscience à laquelle il n’est pas prêt, d’autant que reconnaître et accepter, par exemple, que l’on a pas coupé le cordon, que l’on profite des avantages matériels d’une situation, n’est pas toujours facile et dessine une image de nous même que ne correspond pas à celle que l’on a ni à celle que l’on veut donner.
Faire son autocritique
Même dans la vie quotidienne, quand quelqu’un nous culpabilise, nous fait des reproches, en situation d’échec, nous préférons parfois culpabiliser plutôt que de prendre nos responsabilités, c’est-à-dire de reconnaître nos erreurs ou faire honnêtement notre autocritique.
Et cela au risque de ne jamais savoir jusqu’ou nous avons eu raison ou tort, et de rester plus durablement dans l’état émotionnel négatif de culpabilité.
Même si cela n’est pas agréable ni gratifiant, il est préférable d’aller au fond des choses, au bout de ce que l’on peut avoir objectivement à se reprocher et d’accepter de regarder même ce qui me déplaît.
Plus on cerne ce qu’on a à se reprocher, moins paradoxalement on culpabilise et plus on est porté à s’assumer. C’est seulement en reconnaissant ses défauts que l’on apprend la responsabilité de changer, d’évoluer, de grandir.
Il me reste à vous laissez méditer ces quelques phrases :
Accepter de n’être qu’Humain
Accepter le négatif et le positif en soi
Accepter d’être soi